Un troisième round chinois à Canton
Comme le dit l'adage populaire "jamais deux sans trois"! N'ayant pas voulu déroger à la règle, me voici depuis deux mois déjà à Canton - Guangzhou en mandarin - pour un troisième round en Chine. Après deux séjours dans le nord de la Chine, je découvre enfin la vie dans le sud du pays! On me demande sans cesse si je préfère Pékin ou Canton. J'esquive la question ne voulant froisser personne et ne sachant vraiment pas de quel côté mon cœur balance en répondant : il fait plus chaud à Canton! Et effectivement, nous sommes le 29 novembre 2015 et les températures sont encore très douces rendant le port de la veste presque accessoire.
Mais reprenons depuis le début.Je suis arrivée le 6 octobre à Canton via Pékin pour y passer un an. Pour le travail. Pour mon premier travail! J'ai été accueillie comme il se doit par un typhon ou plutôt par la fin d'un typhon. Mon premier investissement fut donc un parapluie pour me protéger des pluies récurrentes! J'ai passé dix jours dans un hôtel-appartement de Taojin à 15 minutes à pied de mon lieu de travail. Taojin est un des quartiers historiques de la ville où se concentre le plus d'étrangers. On y trouve en vrac des cafés à tous les coins de rues, des bars, des boutiques de vêtements vintage, des boulangeries, des petits bouiboui vendant des raviolis chinois! Un quartier très bobo en somme plein de charme, de petites ruelles, et animé d'une vie locale très intense. Malgré la pluie, malgré les premières difficultés, je me sens très rapidement à l'aise dans cette ville si verte par rapport à la sécheresse de Pékin.
Mon premier défi sera de trouver un appartement. Optimiste, je me donne une semaine pour trouver rapidement une colocation cosmopolite à Taojin, pas trop chère, bien placée et propre. Il me faudra finalement dix jours pour emménager dans le quartier ultra chic de la ville, à cinq arrêts de métro de mon travail! D'abord, parce que trouver une colocation n'est pas si simple, les étrangers vivant souvent seuls et les chinois n'étant pas toujours rodés à cette pratique. Et parce que Taojin s'est avéré un quartier où les appartements sont soit très délabrés soit très chers, souvent les deux! Comme la plupart de mes collègues, j'ai du me rabattre sur la solution bourgeoise de facilité : habiter dans les nouvelles résidence de Liede, le nouveau CBD de la ville où les tours rivalisent de hauteur, où les porches et autres voitures de luxe défilent tous les soirs dans la rue des bars et des clubs mais où finalement les appartement sont propres et modernes! Je trouve ainsi une colocation avec une chinoise et un français dans une immense résidence au vingt-cinquième étage! On a des cafards comme tout le monde mais l'ensemble est propre et il y a même une piscine dans la résidence! Sur notre balcon, notre propriétaire a accroché un portrait de Mao pour veiller sur nous. Douce attention.
Je vous épargne les difficultés bancaires pour retirer en quelques jours l'équivalent de plus de trois loyers en cash, deux mois de caution oblige.
Depuis deux mois, il s'en est passé des choses. La pluie s'est arrêtée et nous sommes entrés dans la période sèche. J'ai commencé un cours de kung fu avec un maître danois et un cours de yoga fait par une canadienne. J'ai découvert une très belle et très grande bibliothèque à dix minutes de chez moi. Je me suis remise à la course dans le très beau parc de mon quartier. J'ai commencé à explorer les différents quartiers de la ville. J'ai affronté pendant une demi journée un immense marché de l'électronique chinois où les contrefaçons côtoient les originaux sans qu'on sache bien discerner les uns des autres. J'ai vécu comme tout le monde avec horreur les attentats de Paris regardant avec perplexité l'évolution de notre monde.J'ai pris mes habitudes dans les bars de Liede au pied de ma tour. J'ai participé à la très huppée soirée "nouveau Beaujolais" organisée par la Chambre de commerce française où malgré le fait que le vin soit très médiocre (comme tout Beaujolais nouveau qui se respecte), le fromage et la charcuterie étaient à volonté! Je me bats tous les jours contre la foule chinoise peu soucieuse des individus. Je ne parle qu'un mot de cantonais mais mon mandarin s'améliore de jour en jour.
Canton, troisième ville chinoise, au bord de la rivière des Perles, m'a marquée par sa verdure et ses nombreux parcs tous aussi beaux les uns que les autres. Certes, l'agitation permanente est fatigante mais les lieux de décompression ne manquent pas ici. Et l'on sent vivement la proximité avec Hong Kong et l'éloignement d'avec la capitale politique rendant les locaux plus décontractés, indépendants et ouverts d'esprit.